Selon plusieurs études, les Français consommeraient près de 9 kg de textiles, linges de maison et chaussures par an alors qu’ils n’en recycleraient que 3,2 kg selon les conteneurs, associations et autres points de collecte. Aux textiles, il faut également ajouter les appareils électroniques, le mobilier, les bibelots… C’est un fait : les Français ont tendance à renouveler et jeter plutôt qu’à recycler.
Tentés par le matraquage publicitaire à la télévision, sur internet, dans les transports en commun, sur les panneaux d’affichage ou encore dans la presse, les ménages français ne peuvent pas échapper aux campagnes de marketing mises en place par les marques pour les inciter à acheter, encore et toujours plus, et pour réduire la durée de vie de leurs objets et rendre presque instantanément leurs nouvelles acquisitions obsolètes à peine déballées.
A l’instar d’Ulysse dans la mythologie grecque qui n’a pas su résister aux chants des sirènes, les foyers français ne semblent pas en mesure de pouvoir dire “non” au neuf, à la nouveauté, à l’obsolescence programmée. Pourtant, l’impact écologique de la surconsommation et de la surproduction est vertigineux : les logiciels, les articles électroniques et les produits dits “culturels” (la mode, par exemple) produisent des tonnes de déchets, épuisent nos ressources naturelles, créent des maladies et représentent un danger environnemental et sociétal à moyen terme.
L’ombre de la culture du jetable suit chaque Français, mais des solutions pour prolonger le cycle de vie de nos produits existent pour en réduire le spectre, voire le faire disparaître. Sachant que l’Europe produit environ 10 tonnes de déchets chaque année, la marge de réduction est assez large !
Qu’est ce que la campagne Longue vie aux objets ?
L’ADEME et le ministère de la transition écologique et solidaire ont conjointement lancé la campagne “Longue Vie aux Objets” pour réduire nos déchets, pour acheter durable, pour consommer autrement et, in fine, prolonger la durée de vie de ce que nous possédons en France en adoptant des réflexes plutôt simples.
Avec la campagne “Nos objets ont plein d’avenirs” lancée fin novembre 2019, le gouvernement espère sensibiliser les Français sur la surconsommation.
Par exemple, si nous prolongions la durée de vie de nos smartphones ne serait-ce que d’un an, nous pourrions réduire de 181 000 tonnes l’émission de CO2 ; si nous conservions notre télévision 8 ans et non 7 ans comme c’est le cas à l’heure actuelle, nous pourrions réduire de 1,7 millions de tonnes l’émission de CO2.
En vendant sur des plateformes d’occasion, en réparant, en faisant des dons à des associations, nous avons la possibilité de favoriser l’économie circulaire et d’offrir un nouvel avenir à nos objets du quotidiens. Robots de cuisine, mobilier, articles d’électroménager… c’est en allongeant leur durée de vie que nous dépenserons moins d’argent et que nous réduirons notre impact écologique !
C’est dans cette optique que la plateforme longuevieauxobjets.gouv.fr a vu le jour. Elle permet en outre de :
- Recenser des professionnels et artisans capables de réparer nos objets cassés ou dysfonctionnels ;
- Trouver des conseils et astuces sur la prolongation de nos objets de consommation courante ;
- Démonter les idées reçues sur le marché de l’occasion et de la seconde main ;
- S’inscrire à des webinaires Repair Touch pour apprendre à réparer soi-même nos appareils grâce à des ateliers participatifs.
Les concepts de Longue vie aux objets
Ne jeter plus les notices de vos appareils
Combien sommes-nous à jeter constamment les notices et conditions d’utilisation de nos appareils électriques ? Pourtant, en cas de panne ou de dysfonction, ces livrets s’avèrent précieux ! Longue Vie aux Objets vous conseille donc, pour commencer à réduire vos déchets et à prolonger la durée de vie de vos objets, à conserver vos notices. Ces graals vous aideront à déchiffrer votre lave-linge ou encore à contacter le Service Après-Vente de la marque qui a produit votre mixeur en panne.
Il en va de même pour les étiquettes sur nos vêtements ! Plutôt que de les arracher et de les jeter à chaque fois que vous achetez une pièce, l’idéal serait de les conserver (sur l’article ou dans une boîte prévue à cet effet) afin de ne pas commettre d’impair au lavage. En traduisant les pictogrammes présents sur les étiquettes, bon nombre d’entre nous pourrions laver nos linges sans risquer de nous retrouver avec un confetti après l’essorage qui va directement partir à la poubelle. Apprendre à lire une étiquette participe également à la réduction de nos déchets !
Penser à réparer plutôt que de jeter
Mon hachoir électrique ne marche plus ? Je le jette ! Mon épilateur électrique ne marche plus ? Je le jette ! Mon robot multifonctions ne marche plus ? Je le jette ! Bref, vous avez compris l’idée générale : nous avons tendance à jeter beaucoup trop vite plutôt que de réparer. En jetant, non seulement nous produisons des déchets mais en plus, nous dépensons de l’argent que nous aurions pu garder au chaud.
Alors, pour réparer plutôt que de jeter, rendez-vous dans un Repair Café : avec des experts bénévoles et du matériel mis gratuitement à disposition, vous allez pouvoir offrir une seconde vie à vos appareils en mauvais état ou en panne. Vous pouvez également contacter ENVIE, un réseau d’insertion qui lutte pour la réduction de nos déchets et aide à réparer nos appareils dysfonctionnels. Enfin, si vous préférez réparer de chez vous, consultez en ligne des tutoriels de réparation et achetez des pièces détachées sur des plateformes dédiées telles que Spareka.
Vous pourrez même vous faire aider par des internautes grâce au forum d’entraide ! C’est ainsi qu’un sondage de l’ADEME et de Spareka publié en novembre 2017 a révélé que 80% de Français interrogés avaient pu identifier l’origine de la panne et que 60% d’entre eux avaient pu effectuer la réparation eux-mêmes. Alors, à vos outils !
Revendre, donner, échanger
Dans les abîmes de la surconsommation, nous retrouvons souvent des objets dont nous n’avons plus l’utilité et que nous jetons par automatisme. Corrigeons nos réflexes ! Vous n’utilisez plus votre mixeur plongeant ? Donnez-le ! Votre yaourtière encombre inutilement votre placard, revendez-le ! Votre veste en cuir est trop grande ? Échangez-la avec un modèle à votre taille ! Les sites de dons (geev.com ou donnons.org), les plateformes d’échange (greendypact.com ou vinted.fr) et les vides-greniers sont incontournables pour réduire nos déchets. Vous pouvez même organiser une soirée de troc sur votre lieu de travail.
Vous l’aurez compris, les solutions pour éviter de jeter sont nombreuses ! Mais même avant de rénover, de réparer, d’échanger ou de donner, nous pouvons nous poser 3 questions essentielles :
- Ai-je besoin de cet objet ? Comble-t-il un manque ou est-ce un achat impulsif ?
- La durée de vie de cet objet est-elle durable ? Sans parler des objets à usage unique, évidemment, nous pouvons nous poser cette question par rapport à son cycle de vie. Par exemple, cela passe par la vérification de la présence d’un label environnemental ou encore par la possibilité de réparer l’appareil.
- Puis-je trouver cet objet d’occasion ? Comme indiqué plus haut, plusieurs plateformes d’occasion existent sur le web pour trouver des appareils de seconde main en bon état ou à réparer.
La réduction de nos déchets est l’affaire de tous ; alors pensez à offrir une seconde vie à vos objets !